Par Georges de Korvin

Pendant que se tenait la SOFMER à Toulouse, les troisièmes Rencontres de la médecine spécialisée avaient lieu à Lille, organisées par AVENIR SPE du 3 au 5 octobre 2024.

Lors d’une table ronde avec plusieurs assurances complémentaires, il a été question de leur participation déjà importante au financement du système de santé, des limites légalement et fiscalement imposées à leur prise en charge des compléments d’honoraires et de leur intérêt pour des programmes spécialisés visant à améliorer la qualité et la pertinence des prises en charges. J’en ai retenu que la progression des compléments d’honoraires trouverait naturellement ses limites et qu’il fallait trouver le moyen de valoriser les coordinations mises en place par les médecins spécialistes pour attirer de nouveaux financements. Il est probable que ceux-ci devront s’organiser en sociétés pour pouvoir contractualiser avec les assurances complémentaires.

Sur le plan organisationnel, divers exemples ont été pris au niveau européen, notamment en Allemagne. Transferts de tâches et régulation des installations sont toujours au centre des débats et la pression politique est de plus en plus forte sur ces sujets. La constitution de pôles spécialisés et d’équipes de soins spécialisés pourrait être un moyen de répondre aux attentes de la population. Ces sujets seront prochainement abordés avec l’Assurance maladie.

La démographie médicale commence à se relever. La tendance reste à la concentration des nouveaux spécialistes autour des zones de formation universitaire. En épluchant personnellement les Pages Jaunes pour mettre à jour l’annuaire des MPR libéraux, j’ai néanmoins trouvé des noms dans presque tous les départements français, ce qui est peut-être un effet positif de la filiarisation de la spécialité dans tous les CHU.

Le numérique a été l’objet d’échanges intéressants. Stanislas Niox-Château nous a présenté le nouvel « assistant médical » fondé sur l’intelligence artificielle. Cet outil est capable d’enregistrer toute la conversation entre le médecin et son patient, puis de restituer une observation structurée. Une démonstration vivante a été effectuée par deux cardiologues, l’un jouant le rôle d’un patient « mal dégrossi » : résultat à la fois bluffant et montrant quelques lacunes à combler. Luc Ferry a conclu la journée du vendredi par une vision un peu hallucinante du futur.

Le samedi matin, Patrick Gasser a soumis à un public choisi le Manifeste d’AVENIR SPE, document qui présente la vision et les objectifs de la centrale syndicale qui relaie le SYFMER face aux pouvoirs publics. Ce document original a visiblement donné une impression positive de la médecine spécialisée dans son ensemble et renforcé la crédibilité d’AVENIR SPE comme interlocuteur des pouvoir publics.

Mais la crise économique et le chaos politique ne faciliteront pas le dialogue. L’administration gouvernementale domine de plus en plus une CNAM en déficit croissant. Thomas Fatôme et tous les hauts fonctionnaires restent accrochés au schéma monosynaptique du parcours par le Médecin traitant malgré ses limites évidentes. Les négociations à venir seront dures : assouplissement de l’APC, mise en place des Equipes de soins spécialisé, tarification de la CCAM, redéfinition de l’OPTAM, pour ne citer que les points qui concernent le plus les MPR. On peut même s’interroger sur la concrétisation des avancées tarifaires déjà conclues…

L’année 2025 devra aussi être celle de la relève de la représentation professionnelle de la MPR libérale. Mon engagement syndical touche à sa fin. Il appartient à une nouvelle génération de prendre la relève. Elle est maintenant assez nombreuse pour se réorganiser collectivement dans ce but : mettre à profit les positions acquises et aller plus loin.

Bon courage à tous.

Georges de Korvin
Président honoraire du SYFMER