Dans le secteur institutionnel, la MPR a sa place dans trois espaces complémentaires :
- Les Services de suite et de réadaptation (SSR)
- Le secteur des soins aigus (MCO)
- Le secteur médico-social
A. La MPR dans les SSR
Les textes de 2008 réorganisant l’activité des soins de suite et de réadaptation ont repris de nombreux concepts développés par la MPR dans la Charte de la FEDMER signée par l’ensemble des organisations de MPR en 1999 lors du congrès national d’Angers : prise en charge du patient par une équipe pluridisciplinaire, projet thérapeutique orienté vers la réinsertion, intervention sur les lieux de vie du patient…
Le Décret no 2008-376 du 17 avril 2008 relatif aux conditions techniques de fonctionnement applicables à l’activité de soins de suite et de réadaptation cite le spécialiste en MPR comme coordinateur potentiel ou exclusif dans plusieurs situations :
- La prise en charge des enfants ou adolescents (Art. D. 6124-177-10)
- La prise en charge spécialisée des affections de l’appareil locomoteur (Art. D. 6124-177-17)
- La prise en charge spécialisée des affections du système nerveux (Art. D. 6124-177-21)
- La prise en charge spécialisée des affections de l’appareil locomoteur et des affections du système nerveux (Art. D. 6124-177-26).
- La prise en charge spécialisée des affections cardiovasculaires (Art. D. 6124-177-27.)
- La prise en charge spécialisée des affections respiratoires (Art. D. 6124-177-32)
- La prise en charge spécialisée des affections des brûlés (Art. D. 6124-177-41)
La circulaire N°DHOS/O1/2008/305 du 03 octobre 2008 confirme la place importante de la MPR dans les SSR : « L’activité de soins autorisée (les SSR) se distingue des différentes spécialités médicales qui y sont mises en oeuvre et notamment de la médecine physique et de réadaptation (MPR). Cependant, la MPR se situe au coeur du dispositif de prise en charge en SSR, parce qu’elle développe les objectifs, programmes et modalités de soins dans le champ de la rééducation, de la réadaptation et de l’accompagnement à la réinsertion. »
Depuis lors, la plupart des anciens services et centres de MPR ont confirmé leur spécificité en tant que services de SSR spécialisés qui proposent aux patients un ensemble de prestations de haut niveau, fondé sur :
- Une infrastructure matérielle : bâtiments adaptés à des personnes à mobilité très réduite, équipements de soins semi-intensifs (ventilation assistée, nutrition parentérale ou entérale), plateau technique d’évaluation (analyse du geste, de la posture, de la marche, évaluation de la force musculaire, analyse cognitive, simulateurs de logement, simulateurs de conduite, mise en situation professionnelle), plateau technique de traitement (équipements de kinésithérapie, d’ergothérapie, simulateurs d’environnement, appareils isocinétiques, piscines de rééducation).
- Des équipes hautement spécialisées : infirmières formées aux soins intensifs ou très spécifiques, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes, éducateurs, enseignants spécialisés, psychologues. Certains de ces professionnels sont en mesure de se déplacer au domicile ou au lieu de travail du patient pour préparer sa réinsertion.
- Le service de SSR spécialisé est en outre un carrefour de compétences médicales, du fait de visites régulières des correspondants spécialisés (chirurgiens, cardiologue, neurologue…), de consultations interdisciplinaires et de réunions de concertation avec les médecins conseils et les médecins du travail.
- Le spécialiste en MPR est formé à coordonner cet ensemble riche et complexe de moyens matériels et humains, pour que tous participent à un projet structuré et cohérent défini de manière personnalisée autour du projet de chaque patient.
Ce bel ensemble mérite d’être mieux identifié, son utilisation doit être optimisée et son activité doit être financée de manière appropriée :
- La compétence de médecine physique et de réadaptation doit être remise en avant dans les SSR spécialisés dirigés par des médecins MPR.
- Les patients doivent être orientés de manière pertinente tout en préservant la fluidité des admissions.
- Le financement de l’activité doit valoriser l’outil de soin et le service rendu au patient, tout en évitant les biais médico-économiques et les effets pervers.
- La prise en charge en hospitalisation complète doit être complétée par des formules plus légères : hospitalisation de jour, consultations et soins externes.
- La structure SSR doit trouver des relais extérieurs vers des structures de prise en charge de proximité, des réseaux de soins. Une articulation avec la MPR libérale est à développer